L’hécatombe
Dans la splendeur dorée et cruelle du soir
Les taureaux, fronts crépus et sanglantes paupières,
Se hâtant lourdement sous les sombres lanières,
Mélancoliquement s’en vont à l’abattoir.
Auprès d’eux, dominant le troupeau du trottoir,
Les beaux bouchers, casqués de vivaces crinières,
S’avancent, déployant de puissantes manières,
Et vont roulant le torse en un lourd nonchaloir.
Sur le tas moutonnant de cornes indomptées
Flottent d’âcres senteurs d’étables, fermentées ;
Et d’épais beuglements montent, confus et sourds.
Et, fils pâle d’un âge, où la force succombe,
Je sens en moi devant la farouche hécatombe
Ressusciter l’orgueil brutal des anciens jours.
(1 votes, average: 5,00 out of 5)
Versets similaires:
- Du cerf qui se voit en la fontaine En la claire fontaine Un cerf se regardait, Et la grandeur hautaine Des cornes étendait. Ses cornes donc prisa Pour […]...
- Le boeuf spectral Le grand boeuf roux aux cornes glauques Hante là-bas la paix des champs, Et va meuglant dans les couchants Horriblement […]...
- Jardins de novembre La brume s’échevèle au détour des allées, Un souvenir épars s’attarde et se recueille, Il flotte une douceur de choses […]...
- Idylle de pauvres L’hiver vient de tousser son dernier coup de rhume Et fuit, emmitouflé dans sa ouate de brume. On ne reverra […]...
- La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure! Ô boucles! Ô parfum chargé de nonchaloir! Extase! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure […]...
- La Garrigue Puisse ma libre vie être comme la lande Où sous l’ampleur du ciel ardent d’un soleil roux, Les fourrés de […]...
- Liberté Le vent impur des étables Vient d’ouest, d’est, du sud, du nord. On ne s’assied plus aux tables Des heureux, […]...
- Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée, Quand l’air de la maison, les soucis du foyer, Quand le […]...
- Carolo Quinto imperante Celui-là peut compter parmi les grands défunts, Car son bras a guidé la première carène A travers l’archipel des jardins […]...
- La chanson de l’air A l’Air, le dieu puissant qui soulève les ondes Et fouette les hivers, A l’Air, le dieu léger qui rend […]...
- La chambre de la châtelaine …La châtelaine en sa molle indolence, De ses pensers suivait le cours changeant Et se taisait. Dans la lampe d’argent, […]...
- Du soleil radieux la brillante splendeur Du soleil radieux la brillante splendeur, Et de la lune aussi la lumineuse face Par un nuage épais, épars en […]...
- Le Renard et le Bouc Capitaine Renard allait de compagnie Avec son ami Bouc des plus haut encornés. Celui-ci ne voyait pas plus loin que […]...
- Le bouc aux enfants Sous bois, dans le pré vert dont il a brouté l’herbe, Un grand bouc est couché, pacifique et superbe. De […]...
- A Sextius Le ciel est clair. La barque a glissé sur les sables. Les vergers sont fleuris et le givre argentin N’irise […]...
- Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire, Père alme, nourricier de tous les animaux, Enchanteur gracieux, doux oubli de nos […]...
- Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde Comme un qui veut curer quelque cloaque immonde, S’il n’a le nez armé d’une contresenteur, Étouffé bien souvent de la […]...
- Soir de bataille Le choc avait été très rude. Les tribuns Et les centurions, ralliant les cohortes, Humaient encor dans l’air où vibraient […]...
- Requiem d’automne Tout ce que le monde m’offre ici-bas Pour me consoler me pèse. Imitation de Jésus-Christ. L’automne fait gronder ses grandes […]...
- Caprice blanc L’hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres Des pastels de jardins de roses en glaçons. Le froid pique de […]...
- La ferme A voir la ferme au loin monter avec ses toits, Monter, avec sa tour et ses meules en dômes Et […]...
- Aubade rouge L’aube éclabousse les monts de sang Tout drapés de fine brume, Et l’on entend meugler frémissant Un boeuf au naseau […]...
- Sur une ancienne estampe A Valentin Girod. Une confusion de sons, de feux et d’ailes, Où flottent des parfums de lys et d’orangers ; […]...
- Les chaumes A cropetons, ainsi que les pauvres Maries Des légendes de l’autrefois, Par villages, sous les cieux froids, Sont assises les […]...
- Déjeuner de soleil Ah les cornes : c’est un colimaçon. Paresseuse, si vous voulez nous plaire, Désormais sachez mieux votre leçon, Nous ne […]...
- Le serpent qui danse Que j’aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau! Sur ta chevelure […]...
- Sous l’épais Sycomore Sous l’épais sycomore, ô vierge, où tu sommeilles, Dans le jardin fleuri, tiède et silencieux, Pour goûter la saveur de […]...
- Les Mille-Iles Massifs harmonieux, édens des flots tranquilles, D’oasis aux fleurs d’or innombrables réseaux, Que la vague caresse et que les blonds […]...
- Conclusion des beautés d’Amaranthe Alors que j’ai chanté par un vers précieux Cette divine bouche où Piton se repose, Que j’ai doré les fers […]...
- Les marbres roses Venise Nos marbres, pierres de tombeaux, Sont funèbres ou prosaïques. Les marbres roses ne sont beaux Que près de l’or […]...