Les bûchers
Les générations passent sous le soleil,
Sans regarder le ciel trop haut pour leurs paupières,
Bétail indifférent, végétant aux litières
Des jours de chair épaisse et d’opaque sommeil.
L’or seul, l’or luit partout, dieu sordide et vermeil.
Et les peuples obscurs, qu’effare la lumière,
Roulent à l’océan sans fond de la matière,
Larves mornes qui n’ont jamais connu l’éveil.
Alors, pour éclairer la nuit sombre des temps,
De loin en loin des coeurs, de beaux coeurs palpitants
Brûlent, torches de foi, d’amour, ou de génie.
Et l’histoire, stérile amas d’écroulements,
N’est qu’un désert peuplé de ces grands flamboiements
Par qui l’humanité s’illumine – infinie.
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