Le ciel
… Avez-vous contemplé l’hymen plein de mystère
Des astres amoureux des fleurs de notre terre,
Dans une de ces nuits où le sylphe Ariel
Semble avoir répandu son haleine de miel?
Les constellations, radieuses abeilles,
Aspirent le printemps par toutes ses corbeilles.
Un rayon des Gémeaux, en voilant son ardeur,
Sur les lis frémissants vient baiser la pudeur.
La pléiade se penche heureuse, et donne une âme
À l’ixia dardant ses six langues de flamme.
Les étoiles du char endorment leur clarté.
Sur cette grande fleur, panache velouté,
Portant, sans voir fléchir l’or de sa tige blonde,
Le nom impérial DE LA GLOIRE DU MONDE.
D’un vol plus languissant, le beau cygne éthéré,
Sur les fleurs de l’aster brille et plane enivré,
Et se plaît à mêler, dans la nuit printanière,
Aux baisers de parfums les baisers de lumière.
Baisers mystiques! noeuds invisibles et doux!!!
De leurs enchantements le rossignol jaloux,
Sur le rameau qu’il aime en conquérant se pose
Aux regards d’une étoile il a caché la rose.
Et l’adonis s’entrouvre à l’astre éblouissant,
Qui s’abreuve d’amour dans sa coupe de sang ;
Et l’obscur nictantès tressaille, et s’évapore
En caresses d’encens qu’il refuse à l’aurore.
Et l’osmonde rougit dans le vallon dormant,
Sous les rayons émus de son céleste amant ;
Et la terre complice abandonne sans voiles
Son firmament de fleurs au firmament d’étoiles ;
Excepté les faveurs du tournesol vermeil,
Dont l’amour dédaigneux ne répond qu’au soleil.