Dieu gard ma Maîtresse et Régente
Dieu gard ma Maîtresse et Régente,
Gente de corps et de façon.
Son coeur tient le mien en sa tente
Tant et plus d’un ardent frisson.
S’on m’oit pousser sur ma chanson
Son de voix, ou harpes doucettes,
C’est Espoir, qui sans marrisson
Songer me fait en amourettes.
La blanche colombelle belle,
Souvent je vais priant, criant :
Mais dessous la cordelle d’elle
Me jette un oeil friant riant,
En me consommant, et sommant
A douleur, qui ma face efface :
Dont suis le réclamant amant,
Qui pour l’outrepasse trépasse.
Dieu des amants, de mort me garde,
Me gardant, donne-moi bon heur,
Et le me donnant, prends ta darde,
En la prenant, navre son coeur ;
En le navrant, me tiendras seur,
En seurté suivrai l’accointance ;
En l’accointant, ton Serviteur
En servant aura jouissance.