Stances à la châtelaine
Madame, c’est moi qui viens.
Moi, cela ne vous dit rien!
Je viens vous chanter quand même
Ce que mon coeur a rimé
Et si vous voulez m’aimer?
Moi : c’en est un qui vous aime!
Oh! vos mains, dont les pâleurs
Bougent, en gestes de fleurs
Qu’un peu de brise caresse!
Oh! vos beaux yeux impérieux!
Un seul regard de ces yeux
Dit assez votre noblesse!
Vos aïeules ont été,
Sous le grand chapeau d’été
Fleuri comme un jour de Pâques,
Marquises de Trianon,
Et moi, fils de gens sans nom,
J’ai des goûts à la Jean-Jacques!
Votre parc est doux et noir :
Il y ferait bon ce soir
Pour achever ce poème
Que mon coeur seul a rimé.
Donc, si vous voulez m’aimer,
J’y serai, moi qui vous aime!
– Je chantais cela tantôt,
Aux grilles de son château.
A la fin, compatissante,
Elle dit à son larbin :
» Joseph, portez donc du pain
Au pauvre mendiant qui chante! «