L’extase
La nuit était venue, la lune émergeait de l’horizon, étalant
Sur le pavé bleu du ciel sa robe couleur soufre. J’étais
Assis près de ma bien-aimée, oh! bien près! Je serrais ses
Mains, j’aspirais la tiède senteur de son cou, le souffle
Enivrant de sa bouche, je me serrais contre son épaule,
J’avais envie de pleurer ; l’extase me tenait palpitant,
Éperdu, mon âme volait à tire d’aile sur la mer de l’infini.
Tout à coup elle se leva, dégagea sa main, disparut dans la
Charmoie, et j’entendis comme un crépitement de pluie dans
La feuillée.
Le rêve délicieux s’évanouit… ; je retombais sur la terre,
Sur l’ignoble terre. O mon Dieu! c’était donc vrai, elle,
La divine aimée, elle était, comme les autres, l’esclave de
Vulgaires besoins!