Jardins de novembre
La brume s’échevèle au détour des allées,
Un souvenir épars s’attarde et se recueille,
Il flotte une douceur de choses en allées
Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.
Les jardins de Novembre accueillent vos amours,
Ô jeunesse pensive, Ô saison dissolvante,
Les grands jardins mélancoliques et qui sentent
La fin, la pluie – odeurs humides de l’air lourd,
De choses mortes qui retournent à la terre.
Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles,
Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires,
Et laissent tristement pendre leurs longs pétales
Transparents, trop veinés, trop fins – comme une lèvre
Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur
Cherche encore une bouche où poser sa langueur.
Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre
Ô parfums trop aigus des iris et des roses
Flétris – parfums et mort – serre chaude d’odeurs.
Tout l’univers mourant qui s’épuise en senteurs
Et puis dans la tristesse odorante des choses
Effeuillant, inclinant, chaque fleur du jardin
D’un battement furtif, égal et doux, se pose
L’aile silencieuse et lasse du déclin.