Refuge
Il est du moins au-dessus de la terre
Un champ d’asile où monte la douleur ;
J’y vais puiser un peu d’eau salutaire
Qui du passé rafraîchit la couleur.
Là seulement ma mère encor vivante
Sans me gronder me console et m’endort ;
O douce nuit, je suis votre servante :
Dans votre empire on aime donc encor!
Non, tout n’est pas orage dans l’orage ;
Entre ses coups, pour desserrer le coeur,
Souffle une brise, invisible courage,
Parfum errant de l’éternelle fleur!
Puis c’est de l’âme une halte fervente,
Un chant qui passe, un enfant qui s’endort.
Orage, allez! je suis votre servante :
Sous vos éclairs Dieu me regarde encor!
Béni soit Dieu! puisqu’après la tourmente,
Réalisant nos rêves éperdus,
Vient des humains l’infatigable amante
Pour démêler les fuseaux confondus.
Fidèle mort! si simple, si savante!
Si favorable au souffrant qui s’endort!
Me cherchez-vous? je suis votre servante :
Dans vos bras nus l’âme est plus libre encor