Perce-neige
Radieuses apothéoses
Du soleil d’or et du ciel bleu,
Fraîche gloire des printemps roses,
Pourquoi donc durez-vous si peu?
Pourquoi donc êtes-vous si brèves,
Aubes de l’enfance? Beaux jours,
Si pleins d’aromes et de sèves,
Pourquoi donc êtes-vous si courts?
Jeunesse, où sont-elles allées
Les hirondelles de jadis?
Où sont les ailes envolées
De tes merveilleux paradis?
Et vous, poétiques chimères,
Que dore un rayon d’idéal,
Blondes idylles éphémères,
N’auriez-vous qu’un seul floréal?
Ô fleurs, vous n’êtes pas finies!
Les plus tristes de nos saisons
Auront encor des harmonies
Et des regains de floraisons.
La mortelle saison du givre
N’a pas tué toutes nos fleurs :
Nous pourrons encore revivre
Le passé, dans des jours meilleurs.