Les ténèbres

Dans les caveaux d’insondable tristesse
Où le Destin m’a déjà relégué ;
Où jamais n’entre un rayon rose et gai ;
Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,

Je suis comme un peintre qu’un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas! sur les ténèbres ;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon coeur,

Par instants brille, et s’allonge, et s’étale
Un spectre fait de grâce et de splendeur.
A sa rêveuse allure orientale,

Quand il atteint sa totale grandeur,
Je reconnais ma belle visiteuse :
C’est Elle! noire et pourtant lumineuse.

(1 votes, average: 5,00 out of 5)

Versets similaires:

Ténèbres Les heures de la nuit sont lentes et funèbres. Frère, ne trembles-tu jamais en écoutant, Comme un bruit sourd de […]...

Ténèbres La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles Et les croassements de ses corbeaux latents ; Et je […]...

Les infinis Vertigineux géant du désert qu’il écrase, La tête dans l’azur et le pied dans la mer, Le mont découpe, ardent, […]...

L’Été Il brille, le sauvage Été, La poitrine pleine de roses. Il brûle tout, hommes et choses, Dans sa placide cruauté. […]...

Ce soir, ta chair malade Ce soir, ta chair malade a des langueurs inertes ; Entre tes doigts fiévreux meurent tes beaux glaïeuls ; Ce […]...

Le spectre de la rose Soulève ta paupière close Qu’effleure un songe virginal ; Je suis le spectre d’une rose Que tu portais hier au […]...

A Horatio Ami, le temps n’est plus des guitares, des plumes, Des créanciers, des duels hilares à propos De rien, des cabarets, […]...

Monsieur Prudhomme Il est grave : il est maire et père de famille. Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux Dans […]...

Une gravure fantastique Ce spectre singulier n’a pour toute toilette, Grotesquement campé sur son front de squelette, Qu’un diadème affreux sentant le carnaval. […]...

Longtemps si j’ai demeuré seul Longtemps si j’ai demeuré seul, Ah! qu’une nuit je te revoie. Perce l’oubli, fille de joie, Sors du linceul. D’une […]...

Le faune Un vieux faune de terre cuite Rit au centre des boulingrins, Présageant sans doute une suite Mauvaise à ces instants […]...

Le dernier rendez-vous Mon seul amour! embrasse-moi. Si la mort me veut avant toi, Je bénis Dieu ; tu m’as aimée! Ce doux […]...

Lunatique À Edgar Poe. Dans l’herbe folle et l’ortie, La paupière appesantie, Rôde un chat maigre au poil roux. Le mur […]...

L’étoile au coeur Par les nuits sublimes d’été, Sous leur dôme d’or et d’opale, Je demande à l’immensité Où sourit la forme idéale. […]...

Souvenir du Danemark A la princesse D….. C’est un parc scandinave, aux sapins toujours verts, Où le vent automnal courbe les fleurs d’hivers […]...

Oh! les yeux adorés A Clara. Oh! les yeux adorés ne sont pas ceux qui virent Qu’on les aimait, – alors qu’on en mourait […]...

Tristesse en mer Les mouettes volent et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins […]...

Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève Au point du jour, souvent en sursaut, je me lève, Éveillé par l’aurore, ou par la fin d’un rêve, Ou […]...

Noces de diamant A M. et Mme C. P*** O mes chers vieux amis, à l’époque trop brève, Et pour moi disparue, hélas! […]...

Le puits hanté Dans le puits noir que tu vois là Gît la source de tout ce drame. Aux vents du soir le […]...

La régularité de la châsse (…) Pris Dans l’eau calme de granit gris, Nous voguons sur la lagune dolente. Notre gondole et ses feux d’or […]...

Trop tard Il a parlé. Prévoyante ou légère, Sa voix cruelle et qui m’était si chère A dit ces mots qui m’atteignaient […]...

Le soleil était là qui mourait dans l’abîme (Et nox facta est, VIII) Le soleil était là qui mourait dans l’abîme. L’astre, au fond du brouillard, sans air […]...

La dure épreuve va finir La dure épreuve va finir : Mon coeur, souris à l’avenir. Ils sont passés les jours d’alarmes Où j’étais triste […]...

Hymne à la beauté Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîme, Ô Beauté! ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et […]...

Clydie Sur le vieux banc qu’ombrage un vert rideau de vigne Clydie aux bandeaux purs, Clydie au col de cygne Dévide, […]...

Pierrot Ce n’est plus le rêveur lunaire du vieil air Qui riait aux aïeux dans les dessus de porte ; Sa […]...

Les meules de foin Tout le sol tondu ras des solitudes plates Dans un indéfini recul, toujours plus loin, S’étale montueux de ses meules […]...

Hiver sentimental Loin des vitres! clairs yeux dont je bois les liqueurs, Et ne vous souillez pas à contempler les plèbes. Des […]...

La pensée est une eau sans cesse jaillissante La pensée est une eau sans cesse jaillissante. Elle surgit d’un jet puissant du coeur des mots, Retombe, s’éparpille en […]...