Soir religieux (IV)
Le déclin du soleil étend, jusqu’aux lointains,
Son silence et sa paix comme un pâle cilice ;
Les choses sont d’aspect méticuleux et lisse
Et se détaillent clair sur des fonds byzantins.
L’averse a sabré l’air de ses lames de grêle,
Et voici que le ciel luit comme un parvis bleu,
Et que c’est l’heure où meurt à l’occident le feu,
Où l’argent de la nuit à l’or du jour se mêle.
A l’horizon, plus rien ne passe, si ce n’est
Une allée infinie et géante de chênes,
Se prolongeant au loin jusqu’aux fermes prochaines.
Le long des champs en friche et des coins de genêt.
Ces arbres vont – ainsi des moines mortuaires
Qui s’en iraient, le coeur assombri par les soirs,
Comme jadis partaient les longs pénitents noirs
Pèleriner, là-bas, vers d’anciens sanctuaires.
Et la route d’amont toute large s’ouvrant
Sur le couchant rougi comme un plant de pivoines,
A voir ces arbres nus, à voir passer ces moines,
On dirait qu’ils s’en vont ce soir, en double rang,
Vers leur Dieu dont l’azur d’étoiles s’ensemence ;
Et les astres, brillant là-haut sur leur chemin,
Semblent les feux de grands cierges, tenus en main,
Dont on n’aperçoit pas monter la tige immense