Est-ce à jamais, folle espérance
Est-ce à jamais, folle espérance,
Que tes infidèles appas
M’empêcheront la délivrance
Que me propose le trépas?
La raison veut, et la nature,
Qu’après le mal vienne le bien ;
Mais en ma funeste aventure,
Leurs règles ne servent de rien.
C’est fait de moi, quoi que je fasse ;
J’ai beau plaindre et beau soupirer,
Le seul remède en ma disgrâce,
C’est qu’il n’en faut point espérer.
Une résistance mortelle
Ne m’empêche point son retour ;
Quelque Dieu qui brûle pour elle
Fait injure à mon amour.
Ainsi trompé de mon attente,
Je me consume vainement,
Et les remèdes que je tente
Demeurent sans événement.
Toute nuit enfin se termine,
La mienne seule a ce destin,
Que d’autant plus qu’elle chemine,
Moins elle approche du matin.
Adieu donc, importune peste,
A qui j’ai trop donné de foi ;
Le meilleur avis qui me reste,
C’est de me séparer de toi.
Sors de mon âme, et t’en va suivre
Ceux qui désirent de guérir ;
Plus tu me conseilles de vivre,
Plus je me résous de mourir.