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Poèmes en français


Du coq et du renard

Le renard, par bois errant,
Va quérant,
Pour sa dent, tendre pasture,
Et si loin en la fin va,
Qu’il trouva
Le coq par mésaventure,

Le coq, de grand peur qu’il a,
S’envola.
Sur une ente haute et belle,
Disant que maistre renard
N’a pas l’art
De monter dessus icelle.

Le renard, qui l’entendit,
Lui a dit,
Pour mieux couvrir sa fallace
« Dieu te garde, ami très-cher!
Te chercher
Suis venu en cette place,

Pour te raconter un cas
Dont tu n’as
Encore la connoissance ;
C’est que tous les animaux,
Laids et beaux,
Ont fait entre eux alliance,

« Toute guerre cessera ;
Ne sera
Plus entr’eux fraude maligne ;
Sûrement pourra aller
Et parler
Avec moi la geline.

De bestes un million
Le lion
Mene jà par la campagne ;
La brebis avec le loup,
A ce coup,
Sans nul danger s’accompagne,

Tu pourras voir ici bas
Grands ébats
Démener chacune beste :
Descendre donc il te faut
De Là-haut,
Pour solemniser la feste. »

Or fut le coq bien subtil
 » J’ai, dit-il,
Grande joi’ d’une paix telle,
Et je te remerci’ bien
Du grand bien
D’une si bonne nouvelle. »

Cela dit, vient commencer
A hausser son col et sa creste rouge,
Et son regard il épard
Mainte part,
Sans que de son lieu se bouge.

Puis dit : « J’entends par les bois
Les abbois
De trois chiens qui cherchent proie ;
Ho! compère, je les voi
Près de toi ;
Va avec eux par la voie. « 

– « Oh, non ; car ceux-ci n’ont pas
Sçu le cas
Tout ainsi comme il se passe,
Dit le renard : je m’en vas
Tout là bas,
De peur que n’aye la chasse. »

Ainsi fut, par un plus fin,
Mise à fin

Du subtil renard la ruse.
Qui ne vent estre déçu
A son sçu,
D’un tel engin faut qu’il use.


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Poeme Du coq et du renard - Francois Habert