Française poésie

Poèmes en français


Le verre

Madame, on m’a dit l’autre jour
Que j’imitais… qui donc? devine ;
Que j’imitais Musset : le tour
N’en est pas nouveau, j’imagine.

Musset a répondu pour nous :
 » C’est imiter quelqu’un, que diantre!
Écrit-il, que planter des choux
En terre… ou des enfants… en ventre. « 

Et craquez, corsets de satin!
Quant à moi, s’il me faut tout dire,
J’imite quelqu’un, c’est certain,
Quelqu’un du poétique empire.

Je m’élance sur son chemin
Avec la foi bénédictine ;
Cherchez dans tout le genre humain.
Eh! bien… c’est elle, Valentine.

On ne peut copier son air,
Ses propos et son moindre geste,
Mais son coeur! mais son esprit fier!
Je peux attendre pour le reste.

Ça me conduira qui sait où?
Je crois être elle, ma parole!
Au lieu de dire : je suis fou,
L’autre jour j’ai dit : je suis folle!

Ma personnalité, ma foi!
S’est envolée ; et ceci même,
Mes vers sont d’elle et non de moi,
Si toutefois elle les aime ;

Ce serait par trop hasardeux
Que de mettre tout un volume
Sur son dos ; si nous sommes deux,
Je suis seul à tenir la plume!

Oh! bien seul! ne confondons pas,
Je suis parfaitement le maître ;
Car des fautes ou de faux pas
Elle ne saurait en commettre.

Vous voyez, c’est bien différent
De ce que racontait l’histoire.
Ah! Si son verre était moins grand,
J’aurais voulu peut-être y boire…

Il est bien grand, en vérité!
Ne croyez pas que je badine ;
Je boirai donc à sa santé,
Dans le Verre de Valentine.


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Poeme Le verre - Germain Nouveau