Clair de lune
Penser qu’on vivra jamais dans cet astre,
Parfois me flanque un coup dans l’épigastre.
Ah! tout pour toi, Lune, quand tu t’avances
Aux soirs d’août par les féeries du silence!
Et quand tu roules, démâtée, au large
A travers les brisants noirs des nuages!
Oh! monter, perdu, m’étancher à même
Ta vasque de béatifiants baptêmes!
Astre atteint de cécité, fatal phare
Des vols migrateurs des plaintifs Icares!
Oeil stérile comme le suicide,
Nous sommes le congrès des las, préside ;
Crâne glacé, raille les calvities
De nos incurables bureaucraties ;
O pilule des léthargies finales,
Infuse-toi dans nos durs encéphales!
O Diane à la chlamyde très-dorique,
L’Amour cuve, prend ton carquois et pique
Ah! d’un trait inoculant l’être aptère,
Les coeurs de bonne volonté sur terre!
Astre lavé par d’inouïs déluges,
Qu’un de tes chastes rayons fébrifuges,
Ce soir, pour inonder mes draps, dévie,
Que je m’y lave les mains de la vie!