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Quand je pouvais me plaindre en l’amoureux tourment

Quand je pouvais me plaindre en l’amoureux tourment,
Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,
Je vivais trop heureux ; las! maintenant je n’ose
Alléger ma douleur d’un soupir seulement.

C’est me poursuivre, Amour, trop rigoureusement!
J’aime, et je suis contraint de feindre une autre chose,
Au fort de mes travaux je dis que je repose,
Et montre en mes ennuis un vrai contentement.

Ô supplice muet, que ta force est terrible!
Mais je me plains à tort de ma gêne invisible,
Vu qu’un si beau désir fait naître mes douleurs.

Puis j’ai ce réconfort en mon cruel martyre
Que j’écris toute nuit ce que je n’ose dire,
Et quand l’encre me faut je me sers de mes pleurs.


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Poeme Quand je pouvais me plaindre en l’amoureux tourment - Philippe Desportes