Eloge de la jeune fille
Magistrats! dévouez aux épouses vos arcs triomphaux. Enjambez
Les routes avec la louange des veuves obstinées. Usez du ciment,
Du faux marbre et de la boue séchée pour dresser les mérites de
Ces dames respectables, – c’est votre emploi.
Je garde le mien qui est d’offrir à une autre un léger tribut de
Paroles, une arche de buée dans les yeux, un palais trouble
Dansant au son du coeur et de la mer.
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Ceci est réservé à la seule Jeune Fille. A celle à qui tous les
Maris du monde sont promis, – mais qui n’en tient pas encore.
A celle dont les cheveux libres tombent en arrière, sans empois,
Sans fidélité – et les sourcils ont l’odeur de la mousse.
A celle qui a des seins et n’allaite pas ; un coeur et n’aime pas ;
Un ventre pour les fécondités, mais décemment demeure stérile.
A celle riche de tout ce qui viendra ; qui va tout choisir, tout
Recevoir, tout enfanter peut-être.
A celle qui, prête à donner ses lèvres à la tasse des épousailles,
Tremble un peu, ne sait que dire, consent à boire, – et n’a pas encore bu.